Dalwhinnie 15 ans

Lorsqu’on arrive par la A9, unique autoroute d’Ecosse, à la hauteur de Drumochter Pass, un col souvent enneigé en hiver, on aperçoit la distillerie de Dalwhinnie sur le plateau, un peu en contrebas. La distillerie en activité la plus haut perchée d’Ecosse (environ 300 m) garde, même en été, une fraicheur qui donne une idée de la rigueur des hivers. A une époque (et peut-être encore maintenant), on prévoyait des lits pour les ouvriers bloqués dans la distillerie les jours de tempête, quand la neige s’amoncelait sur une hauteur de plusieurs mètres.

Et les silhouettes dramatiques des montagnes alentour laissent imaginer le soulagement des conducteurs de bétail quand, venus de Perth et d’Inverness, ils se retrouvaient à Dalwhinnie (le mot gaélique signifi e d’ailleurs lieu de rencontre), revigorés par quelque «uisge beatha» distillée clandestinement. Bonnie Prince Charles a-t-il profité du même cordial quand il tentait de rejoindre Skye à travers les landes de Rannoch Moor proche de Dalwhinnie au lendemain de la défaite de Culloden, poursuivi par son cousin qui avait mis sa tête à prix ?

L’endroit connaît des records de froid tout au long de l’année. D’ailleurs, la source que Dalwhinnie utilise est alimentée par la fonte des neiges et reste glaciale, été comme hiver. Les brochures présentant Dalwhinnie insistent sur cette spécificité, lui attribuant le caractère onctueux et miellé du single malt.

De fait, ces arômes suaves de bruyère se reflètent dans le paysage sur les pentes roses des montagnes tout autour de la distillerie. On peut cependant aussi lui trouver en finale une sécheresse propre aux single malts des Highlands.

Comme Cragganmore dans le Speyside, c’est sa promotion au rang de représentant des malts des Highlands du Nord, dans la gamme des Classic Malts en 1988, qui valut à Dalwhinnie de sortir de l’anonymat.